BALCONS ET TERRASSES : la vie d'en haut, vue d'en bas ! (2)

Publié le par Rénald Martre-Dabiran

Coins des coquins

 

Si Baudelaire, le poète dandy, d’un balcon, dandine les succulences de sa plume pour pleurer l’absence de sa Jeanne Duval (voir ailleurs), certains Sénégalais, qui ne taquinent point la muse, se font un malin plaisir de se payer quelques séances gymniques sexuellement correctes ou de bonnes rasades visuelles à partir de leur terrasse ou de leur balcon. Ils y vont, les coquins, sans se rendre compte qu’ils sont en plein dans le voyeurisme ou dans la pornographie !

 

N’est-ce pas bien quelques séances de voyeurismes gratuites que se paye presque régulièrement Saliou, appelons-le ainsi ? Lui, innocemment, ignorant son penchant voyeuriste, raconte avec force détails des histoires franchement… bandantes qui se déroulent dans une chambre d’un célibataire. De son balcon, il lui arrive souvent d’assister à des parties épiques de jambes en l’air.

 

Tout a commencé une nuit, à une heure tardive où beaucoup de couples étaient entre les cuisses de Morphée.

 

Saliou décide d’aller au balcon de son appartement, histoire de griller une cigarette. Dans un autre immeuble qui fait face, son regard est frappé par la lumière d’une veilleuse rouge. Pendant qu’il tirait quelques bouffées et profitait de la fraîcheur en cette période de chaleur d’étuve, ses yeux sont comme hypnotisés par une scène insolite dans le décor couleur de sang de la chambre.

 

D’abord, Saliou aperçoit nettement un homme nu debout devant une femme qui se déshabille et qui n’est certainement pas amputée du désir de faire l’amour. Puis, ce sont deux «croupes furtives» du couple qui joue au plus vieux jeu du monde que découvraient très trop les enfants d’une précocité perverse des corons dans Germinal d’Emile Zola.

 

Il faut voir Saliou s’extasier, s’esclaffer en répétant leurs gestuelles coquines. Il en a pris un sacré et pervers plaisir à souvent transformer son balcon en un coin de voyeuriste insomniaque. Ce n’est pas un usage voyeuriste que M. B. fait, lui, de sa terrasse. Ce n’est non plus pour y savourer la brise de la nuit pour vaincre l’enfer caniculaire de sa chambre. Ce sont plutôt les sensations sataniques qui occupent ses activités nocturnes sur cette terrasse qu’il est quasiment seul à fréquenter. Il faut écouter M. B. dans ses récits qui font l’éloge de ses prouesses charnelles et décrire ses excitations et ses extases volées à des compagnes hardies, adeptes des plaisirs… aériens.

 

Il assure que rien ne vaut ces plaisirs véniels du haut de la maison, sur cette terrasse silencieuse le jour, mais étrangement bavarde de ses ébats, le soir tombé. Qui pouvait imaginer que les terrasses renferment aussi pareils secrets avec la complicité d’Eros et dans une ambiance psychédélique ?

 

Ainsi va le monde, ainsi va la vie ! Ce ne sont pas toujours les bons usages que l’on fait de toutes les choses. Charmante, non, cette pluralité de l’animalité humaine ?

 

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